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La mission du gestionnaire de projet d’Englobe Andrew Couturier, titulaire d’un baccalauréat ès sciences et des titres de C.E.T. et de professionnel de l’environnement, est d’examiner les changements radicaux qui s’opèrent dans l’industrie de la démolition, dont les pratiques doivent désormais tenir compte à la fois de la sécurité publique et de l’environnement.
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Demolition
La mission du gestionnaire de projet d’Englobe Andrew Couturier, titulaire d’un baccalauréat ès sciences et des titres de C.E.T. et de professionnel de l’environnement, est d’examiner les changements radicaux qui s’opèrent dans l’industrie de la démolition, dont les pratiques doivent désormais tenir compte à la fois de la sécurité publique et de l’environnement.
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Andrew Couturier

L’époque du boulet de démolition, symbole par excellence de l’industrie de la démolition, est aujourd’hui révolue. Cette technique à la fois bon marché, facile et rapide permettait à une seule personne d’abattre des immeubles en quelques heures à peine plutôt que de monopoliser plusieurs équipes pendant des semaines. Pourtant, les boulets de démolition semblent aujourd’hui avoir disparu du paysage.  

  

En effet, malgré leur efficacité et leur faible coût, il n’en reste pas moins qu’il s’agit d’une technique grossière, dangereuse et difficilement contrôlable qui projette des débris, provoque des écroulements structurels et démolit des éléments pouvant contenir des matériaux dangereux comme de l’amiante. De plus, après leur passage, les boulets de démolition laissent derrière eux des tas de gravats pulvérisés qu’il faut ensuite pelleter et transporter ailleurs. Tous ces inconvénients ont beaucoup diminué l’attrait pour cette technique, en particulier dans les zones urbaines densément peuplées.  

  

Pendant ce temps, les constructeurs modernes continuent de concevoir des bâtiments toujours plus hauts, toujours plus volumineux et toujours plus révolutionnaires et les secteurs de l’infrastructure, de l’architecture et de l’ingénierie connaissent une évolution fulgurante. Ces nouvelles constructions étant uniques et modernes, elles appellent par définition des techniques de conception et de démolition structurelle créatives et innovantes.  

 

La sécurité avant tout  

Contrairement au boulet de démolition, la déconstruction de précision est un processus moderne qui englobe des mesures de sécurité importantes et réduit considérablement l’empreinte environnementale  

  

Reconnaissant l’importance de cette nouvelle démarche, les gouvernements provinciaux ont progressivement introduit de nouvelles réglementations strictes s’appliquant aux pratiques de démolition. Depuis 1994 en Ontario, tout projet de démolition d’un ou de plusieurs bâtiments d’une superficie au sol totale de 2 000 m2 ou plus doit ainsi comprendre un plan de réduction, de réutilisation et de recyclage des déchets ainsi qu’un programme de séparation à la source des débris de brique, d’acier et de bois.  

  

De plus, les démolisseurs ont l’obligation de travailler avec précision et soin pour assurer la propreté et la sécurité environnementale des sites de démolition. En vertu des réglementations en place, il est ainsi désormais obligatoire d’avoir un plan de réduction des déchets produits dans le contexte d’un projet de démolition. 

 

Un processus minutieux et intensif 

Un projet de démolition est un projet d’ingénierie multidisciplinaire qui nécessite minutie et innovation et qui peut impliquer des considérations structurelles, environnementales, géotechniques, civiles ou encore électriques. Tout commence souvent par une personne clé : l’ingénieur conception démantèlement.  

  

Après avoir catégorisé le site et dressé la liste de ses besoins uniques et de ceux du client, ce professionnel met en place une stratégie de démolition personnalisée qui répond aux objectifs et au budget fixés et qui respecte les réglementations en vigueur. Une fois la phase de planification terminée et l’entreprise de démolition sélectionnée, le travail peut commencer.  

  

À ce stade arrive sur le site toute une série d’équipements et de travailleurs. Ces derniers s’affairent à traiter les matériaux pouvant contenir de l’amiante en prenant les précautions nécessaires ainsi qu’à enlever le filage électrique, la tuyauterie, les équipements, le mobilier et les fenêtres, le tout en veillant à limiter les risques pour la sécurité et l’environnement. Après avoir déconnecté les raccords aux services publics et condamné les tunnels de service et ceux menant aux bâtiments adjacents, on fait finalement venir de l’équipement lourd pour le clou du spectacle : la démolition de la structure.  

  

Par la suite, le bâtiment est déconstruit de manière méthodique et les déchets sont triés en différents tas. À l’aide d’excavateurs hydrauliques lourds, les éléments structurels sont ensuite minutieusement débarrassés des finitions extérieures, qui sont entassées pour être jetées. Les opérateurs curent, broient et scient le béton, les poutres d’acier et les barres d’armature. Après quoi ils s’occupent de démanteler les fondations de l’immeuble.  

  

Pendant ce temps, d’autres personnes s’attellent à limiter les pertes et la sécurité pour les gens et l’environnement. Alors que certains broient les déchets de béton pour en extraire les barres d’armature, d’autres chargent l’acier et le cuivre dans des camions pour les recycler tandis que d’autres encore nettoient les éléments en cuivre ou en aluminium pour pouvoir les revendre ou les réutiliser. Certains arrosent le site de démolition pour limiter la poussière, remplacent les filtres d’égouts et déblaient les routes publiques des résidus. 

 

Après la démolition 

Une fois le processus de démolition terminé vient l’étape de la décontamination du site. C’est à ce stade que les matières dangereuses sont extraites des eaux souterraines et du sol, lequel peut être excavé et acheminé ailleurs aux fins de traitement, ou bien être traité sur place. Il arrive aussi que des puits de surveillance soient installés pour pouvoir faire le suivi et le traitement des contaminants 

  

Après le nettoyage environnemental arrive le tour de la phase de préparation et de réaménagement. Le site est alors remblayé au moyen de matériaux granulaires ou de pierres, qui sont ensuite compactés et recouverts d’une couche de terre et de graines. Il est aussi possible de poursuivre l’excavation pour un nouveau projet.  

 

L’innovation au service d’une démolition sécuritaire 

Comment une entreprise de démolition peut-elle démolir un bâtiment tout en assurant la sécurité du public dans les milieux urbains, où les grandes artères doivent composer avec une circulation dense, où les fermetures de voies ne sont pas une option et où l’espace de travail est limité? La clé, ici, c’est l’innovation.  

  

Un exemple parlant est ce projet de démolition qui a eu lieu dans un centre-ville dense en 2016. Pour l’occasion, les palissades de construction traditionnellement utilisées pour délimiter le site ont été remplacées par des conteneurs modifiés qui ont été disposés côte à côte pour former un passage permettant au public de se déplacer en toute sécurité.  

  

Des poutres ont ensuite été érigées verticalement pour pouvoir retirer le béton de la partie supérieure de la structure et le descendre au sous-sol. Une fois cette étape terminée, les débris de béton ont été répartis sur toute la superficie du bâtiment et broyés en un agrégat granulaire utilisé pour remblayer le sous-sol.  

 

L’utilisation des explosifs 

Certains projets peuvent nécessiter de faire imploser le bâtiment au moyen d’explosifs. Il s’agit toutefois d’une opération hautement spécialisée et à haut risque, qui exige une grande dose de planification, de préparation et de modélisation. Cette approche est plus courante dans les zones rurales, où il y a suffisamment de place pour garantir la sécurité du public et des personnes présentes sur le site. 

 

Le choix de l’explosif adapté au matériau à démolir peut grandement contribuer au bon déroulement d’une implosion structurelle. La dynamite, par exemple, provoque une détonation rapide qui pousse les matériaux vers l’extérieur et fait exploser le béton en petits morceaux. Pour les structures en acier, on utilise plutôt de la cyclonite (RDX), qui crée un choc concentré capable de trancher le métal.  

  

Une fois la structure affaiblie par l’explosion, la gravité fait le reste et la masse du bâtiment démolit d’elle-même les sections inférieures. Cela pulvérise aussi les structures porteuses inférieures, ce qui facilite le nettoyage des débris par la suite. 

 

Rester dans le paysage concurrentiel 

Bien que leur travail consiste surtout à gérer les volets environnementaux et de sécurité publique, les entreprises de démolition doivent également trouver des façons de rester concurrentielles. Nombreuses sont celles qui, après avoir dénudé les bâtiments, trié les matériaux et déblayé les déchets, vantent leur taux élevé de détournement et de revalorisation des déchets de construction (qui s’établit souvent à plus de 95 %) pour vendre leurs services. Étant donné l’importance croissante de la protection de l’environnement, il s’agit d’un aspect qui a de plus en plus de poids dans la balance lors du choix d’une entreprise de démolition. 

  

On assiste également à la multiplication des marchés et des options disponibles pour les déchets de construction. L’équipement et le mobilier, par exemple, peuvent être récupérés et revalorisés, vendus, voire donnés. L’acier, le cuivre, l’aluminium et la fonte peuvent se vendre à profit dans des parcs à ferraille, des installations de recyclage ou chez des particuliers. Même les matériaux comme la brique, le béton et le bois peuvent être revendus pour de petits projets résidentiels ou servir de matériel de remblai pour des sites d’excavation ou d’autres projets.  

 

Une prouesse d’ingénierie moderne 

Les pratiques de démolition modernes sont l’avenir de la déconstruction de précision. En se détournant de la force brutale (et des conséquences irresponsables) du boulet de démolition, les techniques de démolition modernes se sont muées en un processus d’ingénierie qui repose sur une planification, une coordination et une exécution minutieuses. Aujourd’hui, tant les opérateurs de la machinerie de démolition, les ingénieurs en conception démantèlement que les travailleurs de la construction se doivent dès lors d’être hautement compétents et organisés pour pouvoir réaliser leurs projets de démolition en toute sécurité, pour le public comme pour l’environnement.