Développement d’une frayère en aval du barrage de Saint-Timothée

Sommaire du projet de développement de la frayère

Dans le cadre des travaux de restauration du complexe hydroélectrique Beauharnois–Les Cèdres d’Hydro-Québec, l’équipe d’Englobe a su réaliser un projet novateur, durable et exemplaire : le développement d’une frayère en aval du barrage de Saint-Timothée.

La communauté avoisinante se situe à l’extrémité est de la ville de Salaberry-de-Valleyfield, le long du fleuve Saint-Laurent dans la MRC de la Montérégie.

Contexte et défis du projet de construction de la frayère

Ce complexe comprend deux centrales de production hydroélectrique, soit les Cèdres (construction de 1911 à 1914) et Beauharnois (construction de 1932 à 1961). Ces infrastructures ont nécessité plusieurs travaux, notamment l’imperméabilisation et la stabilisation du remblai sur la rive droite du canal d’amenée, ainsi que l’installation d’un « filtre inverse » dans les bassins de Saint-Timothée et de la Pointe-du-Buisson.

Le but de ce projet était avant tout de compenser partiellement les pertes et perturbations d’habitats aquatiques causées par ces travaux ainsi que par la réparation de la digue Les Cèdres. Ces pertes (causées par la destruction ou la modification permanente de certaines zones) s’élevaient à près de 69 000 m2. Les types d'habitats touchés étaient des milieux aquatiques en eaux calmes composés d'habitats rocheux pour l'alimentation, avec la présence d'habitats de reproduction pour l'achigan à petite bouche ainsi que des herbiers aquatiques.

Initialement, Englobe avait pour mandat de proposer des habitats compensatoires équivalents en taille et en qualité à ceux perdus. Une grande variété d'habitats a été proposée, et quatre types d’habitats ont été sélectionnés :

1. des frayères en eaux calmes pour l'achigan à petite bouche
2. des herbiers aquatiques servant d'habitats pour l’alimentation et la reproduction
3. une frayère multispécifique combinée à un site d'alimentation en eaux vives
4. des sites d'alimentation dans des environnements rocheux en eaux peu profondes

Comment l’équipe d’Englobe a surmonté les défis complexes du projet de construction de la frayère

Le principal défi de ce projet consistait à transformer un habitat de reproduction de mauvaise qualité dont les vitesses et les profondeurs d'eau actuelles étaient trop élevées pour que les poissons puissent l'utiliser (jusqu'à 3 500 m3/s), indépendamment de l’ouverture ou de la fermeture des vannes du déversoir. Même sans débit, des vitesses très élevées supérieures à 1,5 m/s ont été observées.

Le rôle de l'équipe Englobe consistait à transformer ce secteur en habitat de reproduction en eaux vives offrant des conditions hydrauliques stables (débit constant de 15,7 m³/s), propices à la fraie, et de générer des gains importants pour la communauté piscicole du bassin en aval de la Pointe-du-Buisson.

De plus, un substrat composé de roche mère, de blocs et de galets se déversait dans un bassin relativement profond d’environ 5 mètres.

L'équipe d’Englobe fait preuve d’innovation tout au long du projet de construction de la frayère

Le concept proposé devait intégrer la variabilité des conditions hydrauliques du secteur due à la présence du déversoir. Le concept retenu consistait à développer une rivière artificielle en aval de l’écumoire.

La conception offerte par l'équipe d’Englobe a permis de transformer cet habitat de reproduction de faible valeur en un écosystème de grande qualité, stable et durable, d’une superficie totale de 8 700 m² (325 m de long et entre 15 et 50 m de large).

L’équipe a profité de la période annuelle d’abaissement des bassins, entre novembre et avril, pour entamer une construction à sec. La frayère a été aménagée avec plus de 15 000 m3 de pierres et de substrat de fraie.

La frayère artificielle a été intégrée aux conditions hydrauliques complexes du site. Étant alimentée par un débit constant de 15,7 m3/s, ceci assure des vitesses de courant et des profondeurs favorables à la reproduction des poissons. De plus, l’ajout d’un substrat propre et peu colmaté ainsi que la présence de 130 îlots rocheux offrent également des conditions optimales pour la fraie.

Suivi physique pour évaluer le succès du projet de construction de la frayère

Le succès de cette conception a été confirmé par les résultats obtenus lors du suivi physique exécuté un an après la fin des travaux.

Comme prévu, après une année, le substrat de frai a subi certains mouvements en raison des conditions de débit. Cependant, la majeure partie de ce substrat est restée en place, à l'exception de deux zones soumises à des courants plus forts. Les murs en béton installés pour maintenir le substrat de frai en place se sont également révélés efficaces.

Suivi biologique du projet de construction de la frayère

Deux interventions d’échantillonnage ont aussi été complétées, aux printemps 2023 et 2025. Ces suivis ont permis de constater une forte concentration de géniteurs.

Par ailleurs, des dizaines de milliers d’œufs et larves de 14 espèces différentes de poissons ont été capturés, dont le chevalier blanc, rouge et jaune, le meunier noir, le doré, l’achigan à petite bouche, et plusieurs autres.

Bénéfices du projet de construction de la frayère en aval du barrage de Saint-Timothée

Ce projet d’envergure a généré de nombreux bénéfices majeurs pour la collectivité, dont : 

Bénéfices sociaux - Ce projet a été réalisé sur des terrains d’Hydro-Québec et des secteurs avoisinants. Outre le transport des matériaux, les travaux ont causé peu d’impacts négatifs sur les résidentes et résidents du secteur.

Bénéfices économiques - Cet aménagement d’envergure a permis d’offrir des opportunités commerciales aux entrepreneurs locaux, contribuant ainsi au développement économique régional.

Bénéfices environnementaux - À la base, ce projet visait la transformation d’un habitat aquatique de faible valeur en 8 700 m² d’habitat de fraie et d’alimentation pour les poissons, déficitaire dans le bassin de la Pointe-du-Buisson. Il est aussi important de noter que la construction de la frayère n’a engendré aucun impact négatif sur les autres habitats terrestres ou humides du site. Cette conception est également hautement reproductible et pourrait être adaptée à d'autres sites.

Conclusion sur le projet de développement d’une frayère en aval du barrage de Saint-Timothée

Ce projet a permis la création d’un habitat unique à la tête d’un réservoir situé dans le bassin de la Pointe-du-Buisson, dans une zone où peu d’habitats de ce type étaient présents.

Ce projet se distingue également par son apport écologique majeur dans un bassin déficitaire en habitats de fraie en eaux vives, en démontrant qu’il est possible « d’ajouter une rivière dans un réservoir. »